Le choc
J'ai l'impression d'avoir dormi pendant toutes ces années où mon cerveau était complètement embué par les médicaments psychotropes.
Aujourd'hui, je me réveille et je redécouvre le monde dans toute sa beauté mais aussi avec toute sa laideur, sa violence et sa cruauté.
Je ne regarde les informations à la télé que le midi. Ça me suffit amplement ! Ainsi, toutes ces mauvaises nouvelles m'empêchent moins de dormir.
Pourquoi les journalistes insistent-ils tellement sur les drames et ne font que trop rarement des commentaires sur les bonnes nouvelles ?
Pour compenser, je regarde des documentaires sur la nature, les animaux.
Je ne regarde plus les films trop violents.
Que le monde est beau ! Mais, que les hommes sont cruels !
Ce que j'ai retiré de positif
Après le sevrage, j'ai retrouvé :
- clarté d'esprit
- esprit d'analyse
- faculté de jugement
- spontanéité
- faculté d'éprouver des sentiments (émotion, joie, tristesse...)
- mes souvenirs (des choses que je croyais à jamais oubliées)
- la motivation, l'envie de faire plein de choses
- la joie de vivre
et une meilleure forme physique ainsi qu'une meilleure qualité de vie.
Tout ça m'a permis, avec l'aide d'une psychologue, de faire la part des choses et de retrouver une meilleure confiance en moi et en l'avenir. J'ai recommencé à conduire. Grâce à ça, notamment, j'ai retrouvé une certaine autonomie et indépendance. J'ai repris le contrôle de ma vie. J'éprouve également un grand sentiment de liberté.
Après les dégâts causés par les médecins avec leurs psychotropes, j'ai l'impression de me reconstruire ou plutôt de me "réparer" lentement, patiemment, sur le plan physique et mental.
Lorsque l'on est sous l'influence des psychotropes, on ne se rend plus compte de tout ce que l'on perd.
Parce que c'est très insidieux. ça se fait jour après jour, mois après mois, année après année.
On se sent mal, on souffre, mais on pense que c'est dû à notre tempérament ou à notre âge. Et les médecins sont là pour vous conforter dans cette opinion ou devrais-je dire pour vous mettre ça dans la tête. Lorsque vous leur parlez de ce que vous ressentez, jamais ils ne remettent en cause les traitements qu'ils vous renouvellent visite après visite. Ils vous disent, comme me disait ma psychiatre : "c'est votre pathologie" Et vous les croyez, puisqu'ils ont réussi à vous faire croire que vous êtes malade, que votre cerveau ne fonctionne pas bien. Ils font abstraction des éléments extérieurs comme l'environnement social, familial ou professionnel, les évènements de la vie.
Je pense que je suis tout simplement quelqu'un d'entier, d'hypersensible et de passionné.
Je suis maintenant persuadée que, tant qu'on n'a pas de maladie grave (genre cancer ou autre), la réponse à nos maux du corps et de l'esprit n'est pas chez les médecins avec leurs médicaments.
On ne soigne pas les maux de l'âme avec des produits chimiques. Parce que ça voudrait dire, par exemple, que l'origine de la "dépression" n'est plus dans les problèmes psychologiques des gens mais dans le mauvais fonctionnement de leur cerveau, de leurs neurones. C'est un mensonge !
D'ailleurs, pour diagnostiquer toute autre maladie, on fait des analyses de sang, des radios et les résultats disent si vous êtes malade ou non. Lorsque les médecins diagnostiquent une dépression, aucune analyse, aucune radio, aucun examen ne le prouve !
Du temps de nos parents ou de nos grands-parents, on parlait de neurasthénie, de mélancolie, de tristesse, de mal-être, de spleen... mais pas de dépression. Ce mot a été inventé dans les années 70, il me semble.
Et encore une fois, il faudrait commencer par faire la différence entre une dépression profonde et une simple déprime.
J'ai choisi mon pseudo en partie parce que les Maoris sont un peuple plein de sagesse et proche de la nature. Les occidentaux ont perdu cette spontanéité, ce bon sens qu'avaient les anciens. Les remèdes de grand-mère n'étaient certainement pas aussi dangereux que toutes les substances chimiques que nos "gentils" médecins nous font ingurgiter aujourd'hui.
Où j'en suis aujourd'hui
Lorsqu'on me demande comment je vais, j'ai envie de répondre ceci :
"Je ne me suis jamais sentie aussi bien et jamais aussi mal".
Je me sens très bien parce que je me sens à nouveau vivante. Je retrouve des sensations oubliées.
Je me sens très mal parce que j'ai encore trop de gênes et douleurs liées au sevrage et extrêmement difficiles à supporter.
J'espère, j'espère vraiment, que ces substances n'ont pas provoqué de lésions irréversibles à mon cerveau et que certains symptômes ne resteront pas à vie.
Au cas où, j'apprends à vivre avec et à les gérer du mieux que je peux.
J'espère que, faute de disparaitre complètement, ils finiront par s'atténuer pour devenir supportables.
Faute de pardonner à ceux qui m'ont fait tant de mal, je vais commencer par me pardonner à moi-même de m'être "faite avoir". Je suis punie d'avoir trop fait confiance.
Aujourd'hui, presque 16 mois après l'arrêt définitif de ces substances, j'ai encore des journées mais surtout des nuits difficiles où j'ai beaucoup de mal à m'endormir. Puis, lorsqu’enfin, je trouve le sommeil, je me réveille toutes les heures environ et doit supporter une recrudescence de mes symptômes : sensation de piqures d'aiguilles sur le visage, le cuir chevelu, le cou, le haut du corps mais aussi aux extrémités (mains, pieds) ; des vibrations internes au niveau du thorax ; une hypersensibilité de la peau ; des fourmillements et douleurs dans les doigts, les poignets ; une impression de sable dans les yeux (sécheresse oculaire) ; les lèvres, la bouche et la gorge sèches ; les pensées qui tournent dans ma tête... et souvent le matin un gros mal à la tête dû à des contractures au niveau du cou, des épaules et parfois depuis la base du crâne jusqu'en bas du dos.
La différence avec la fin du sevrage et les 6 premiers mois qui ont suivi, c'est que je ne reste plus des heures debout et lorsque je me recouche, j'arrive à me rendormir et ainsi je peux récupérer sur le matin et il m'arrive de me lever vers 7 heures, parfois 8, ce qui n'était pas possible avant, tellement je souffrais, j'étais obligée de me lever. De ce fait, j'arrive à dormir en moyenne 6 à 7 heures par nuit, ce qui n'est pas si mal par rapport à ce que j'ai vécu.
Je ne prends plus aucun médicament. Je me soigne de la façon la plus naturelle possible, grâce à :
- une vie calme et régulière
- une alimentation saine et équilibrée
- une activité physique modérée
- des occupations qui me plaisent
- ...
Ce qui est certain c'est que si je m'en suis sortie aujourd'hui ce n'est pas grâce aux médecins, ni aux médicaments psychotropes !
Pour moi, le rapport bénéfice / risque de ces "médicaments" est tout de suite fait. Les médicaments psychotropes ne sont pas des médicaments comme les autres et ne devraient pas être donnés comme on distribue des bonbons !
En ce qui concerne mon état d'esprit actuel, je pense en être à la phase de l'acceptation de ce qui m'est arrivé. De ce fait, je me sens plus calme et plus sereine.
Je caresse l'espoir qu'un jour la vérité éclate, comme ça a été le cas pour le Médiator.
Mais, dans le cas des médicaments psychotropes, ils s'adressent souvent à des patients dits "fragiles psychologiquement". Alors, il est très facile de leur dire : "c'est dans votre tête !". Mais, moi, après ce sevrage, je n'ai plus aucun doute : ces "médicaments", surtout quand ils sont prescrits sur une longue durée, sont dangereux. Ce sont des neurotoxiques !
Et puis, il y a tellement de gens qui prennent ces traitements, parfois depuis plusieurs mois ou plusieurs années qu'en cas de publication officielle disant que ces médicaments sont dangereux, il y aurait un vent de panique et je ne suis pas certaine que les médecins sauraient gérer tout ça et effectuer des sevrages correctement.
Peut-être qu'un jour, j'entendrai cette campagne de publicité qui dirait :
"les antidépresseurs et anxiolytiques, c'est pas automatique !"
Mais, là, je rêve encore...
Il me reste plein de pourquoi.
02/05/2013 : 2 ans après l'arrêt des anxiolytiques (benzodiazépine) et antidépresseurs (ISRS)
Dans l'ensemble, je vais plutôt bien et surtout de mieux en mieux.
La plupart de mes symptômes sont toujours présents mais se sont très sensiblement atténués et sont maintenant devenus plus supportables et surtout gérables.
Je continue mon "régime" d'hygiène de vie, cité précédemment, afin de me donner toutes les chances pour que mon état général, physique et psychique, continue de s'améliorer au fil du temps.
J'ai changé de médecin référant. Je suis maintenue suivie par un médecin homéopathe qui, lui, ne nie pas que mes problèmes actuels sont bien dus aux traitements de longue durée des médicaments psychotropes et au sevrage.
06/05/2014 : 3 ans après l'arrêt des médicaments psychotropes : je pourrais presque écrire la même chose qu'il y a un an sauf que j’ai, quand-même, le sentiment d’aller de mieux en mieux, grâce notamment au fait que je commence à accepter (je ne peux pas encore dire : pardonner) ce qui m’est arrivé et aussi parce que je continue à suivre mes règles de bonne hygiène de vie.
J'ai encore du mal à admettre et à comprendre le fait que la plupart des médecins nient ces symptômes de sevrage au delà de quelques mois après l'arrêt des médicaments psychotropes. Je souffre encore d'un manque de reconnaissance.
La plupart des symptômes sont toujours là mais continuent de s'atténuer lentement, très lentement, et deviennent de plus en plus supportables, à moins que je ne m'habitue ou bien que, grâce à sa plasticité, mon cerveau ne s'adapte et trouve d'autres modes de fonctionnement... J'ai bien peur, malgré tout, d'être obligée de vivre avec tous ces désagréments [contractures, maux de tête de tension (impression d'avoir la tête dans un étau), acouphènes, démangeaisons, picotements, yeux secs, bouche pâteuse, langue sensible, et autres gênes et douleurs... sommeil qui continue de s'améliorer mais reste perturbé... problèmes intestinaux : colon irrité...]. J'ai, encore et toujours, ce sentiment d'avoir été empoisonnée et que mon système nerveux a été endommagé à cause d'une intoxication aux médicaments psychotropes. En effet, la plupart des symptômes qui me reste suite au sevrage sont des "douleurs neuropathiques" qui surviennent sans raison apparente, comme si le système nerveux «déraillait» à cause d'un dérèglement des mécanismes du contrôle de la douleur. De plus, du fait que je dors mal et peu, j'ai forcément des problèmes de fatigue, de cognition et de mémoire.
Dans un an, j'écrirai peut-être que tout va bien. En tout cas, je fais tout pour et continue d'y croire.
Il y a quelque chose que je voudrais ajouter, c'est que, j'ai remarqué que lorsqu'il m'arrive encore d'évoquer mes problèmes actuels auprès de personnes que je sens réceptives, les gens pensent que je parle de "sortie de dépression" alors que moi, je parle de "sevrage", ça n'a rien à voir ! je parle des dangers des médicaments psychotropes et des dégâts qu'ils peuvent faire sur l'organisme, pas de la difficulté de sortir d'une dépression qui peut, bien-sûr, être réelle et problématique mais, c'est un autre sujet.
D'autant plus, que certaines études commencent à reconnaitre que la dépression n'est pas due à un cerveau "détraqué" mais bien au fait qu'une personne se trouve dans une situation qui ne lui convient pas. Une maladie peut aussi, par ricochet, déclencher une dépression.
"Selon le psychiatre américain Breggin, il n'y a aucune cause biologique connue de la dépression".
Dans ces conditions, les antidépresseurs et anxiolytiques ne servent à rien ou juste pendant quelque temps mais certainement pas pendant des années et des années.
09/06/2015 : 4 ans après l'arrêt des médicaments psychotropes : j'espérais pouvoir écrire un jour que je ne ressens plus aucun symptôme suite à toutes ces années sous ces traitements dangereux et suite au sevrage. Ce n'est pas le cas, tant pis ! je vais enfin me décider à tourner la page malgré ce qui me reste de symptômes désagréables à gérer au quotidien : encore beaucoup trop de contractures, maux de tête, picotements, démangeaisons, sécheresse interne et externe, acouphènes et autres souffrances. Ces "désagréments" comme je les appelle maintenant, continuent de s'atténuer un peu au fil du temps mais sont toujours présents malheureusement. Le sommeil étant réparateur, je pense que tant que mon cycle de sommeil restera perturbé, les symptômes persisteront. Tout est lié. Le niveau d'excitation de mon système nerveux est encore trop élevé.
Les médecins reconnaîtront peut-être un jour (dans 10 ans, 20 ans ou probablement plus 30 ou 40 ans...) qu'ils ont eu tort de prescrire autant de médicaments psychotropes et sur de trop longues durées. Je serai morte d'ici là... Alors, autant ne plus attendre de reconnaissance de personne (ni du corps médical ni de mes proches) et profiter un maximum de mes capacités physiques et mentales retrouvées sans trop me préoccuper de ces gênes et douleurs qui s'atténuent certes mais ne veulent pas partir... ça me gâche un peu la vie mais j'arrive, quand-même, à vivre presque normalement notamment grâce à une bonne hygiène de vie.
Il faut beaucoup de temps pour que les choses évoluent dans le bon sens...
De toute façon, je ne regrette rien car la vie est bien plus belle (je ne dis pas facile) sans les médicaments psychotropes !
Juillet 2015 : Dans le dernier rapport de Haute Autorité de Santé (HAS) (voir lien ci-dessous), les recommandations émises sur les modalités d'arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés chez la personne âgée sont étendues à la population générale.
Un rappel des durées maximales de prescription est faite : 4 semaines pour BZD hypnotiques et 12 semaines pour les BZD anxiolytiques.
Il est précisé qu'au delà de 28 jours de traitement, l'efficacité des BZD est incertaine et que les risques délétères augmentent (somnolence diurne, troubles de la mémoire, chutes, accidents, etc.) ainsi que la dépendance.
(Quand je pense que j'ai été sous l'influence de ces substances pendant 13 ans, on imagine bien les dégâts qu'elles ont pu faire sur mon organisme...)
L'arrêt inclut les étapes suivantes :
- l'information du patient sur les effets délétères d'une consommation chronique, proposition d'aide à l'arrêt (courrier, visite médicale)
- l'évaluation de la dépendance et du type de consommation (outils disponibles),
- la planification et mise en place de l'arrêt progressif,
- la surveillance et prise en charge des symptômes de sevrage,
- l'aide, information, soutien, suivi de l'arrêt
(C'est tout ça qui m'a manqué pendant mon sevrage commencé en juillet 2010 !!!)
On parle d'"effets toxiques des benzodiazépines", particulièrement pour les personnes âgées.
Il est dit que "les personnes ou aidants, en contact avec le patient en arrêt de BZD, devraient être informés du processus de sevrage et des services d'aide existants".
Une différence est faite entre :
- dépendance à dose thérapeutique
- dépendance à haute dose
- usage à dose illicite et récréative
Je note un progrès dans la durée des sevrages proposés : 8 à 12 semaines ou plus long : jusqu'à 6 mois ou plus... et aussi dans le protocole de sevrage : diminution de 5 à 10 % toutes les 1 à 2 semaines.
Il y a aussi une liste (pour moi non exhaustive) des symptômes de sevrage.
On parle aussi de "symptômes prolongés de sevrage qui vont progressivement s'améliorer sur un an ou plus"... (en ce qui me concerne, ça sera plus...)
Je note aussi cette phrase qui pour moi en dit long : "Il n'est pas possible d'estimer la gravité et la durée des symptômes de sevrage : ceux-ci dépendront d'un certain nombre de facteurs tels que la gravité de la dépendance et la vitesse de l'arrêt..."
Pour moi, c'est, quand-même, une petite victoire, en tout cas, une prise de conscience de la part du corps médical en espérant que les recommandations de la HAS seront suivies par tous les professionnels à qui s'adresse ce rapport : médecins généralistes, psychiatres, gériatres, addictologues, pharmaciens...
Peut-être que les témoignages de personnes en souffrance, à cause des benzos et autres psychotropes, qui circulent sur internet y sont un peu pour quelque-chose. J'aime à le penser.
J'espère que ça va m'aider à passer enfin à autre chose. Il me restera à gérer mes symptômes au quotidien du mieux que je peux et à vivre en espérant ne pas avoir trop de séquelles à cause d'un traitement de trop longue durée et d'un sevrage mal fait, sans conseils ni soutien de la part du corps médical.
Plus de 4 ans après l'arrêt des médicaments psychotropes, mon organisme est encore "en manque", j'en suis certaine. Il souffre et moi avec...
30/11/2015 : mon médecin homéopathe m'a diagnostiqué récemment une "fibromyalgie". Si c'est vraiment le cas, alors, pour moi, il s'agit bien d'une "fibromyalgie iatrogène" !!!
La fibromyagie ne serait pas vraiment une maladie (tant mieux pour moi !) mais plutôt un syndrome (ensemble de symptômes) dont les médecins ne connaissent pas l'origine. Tiens donc...
Mais, qu'on appelle cela "fibromyalgie" ou "douleurs neuropathiques", le problème est toujours le même : il s'agit d'un dysfonctionnement du système nerveux et un dérèglement au niveau du contrôle de la douleur ! la cause dans mon cas ? pourquoi pas les 13 années de traitements psychotropes et le choc du sevrage ??? j'aimerais bien qu'un jour ce soit reconnu...
11/06/2016
5 ans après l'arrêt des médicaments psychotropes, peu d'améliorations depuis l'année dernière mais je note, quand-même, un léger mieux au niveau du sommeil (moins de grosses insomnies) et un appétit tout à fait normal retrouvé. Par contre, toujours beaucoup de douleurs neuropathiques...
Malgré tout, plus le temps passe et plus le choc psychologique s'atténue. Je suis moins en colère. Je peux parler de tout ça plus calmement, avec plus de recul. J'arrive à gérer mes symptômes au quotidien même si certains jours, je souffre tellement que je ne peux rien faire... Ce qui me gêne le plus aujourd'hui ce sont les "céphalées de tension nerveuse" mais je garde espoir que ce qui me reste à la suite de ce sevrage s'atténue
encore un peu au fil du temps.
02/04/2021
10 ans déjà. je reviens très vite vous donner de mes nouvelles...
25/10/2021
10 ans après l’arrêt des médicaments psychotropes
J’avais lu quelque part qu’il fallait 10 ans pour se remettre après un sevrage de psychotropes de longue durée (plus de 10 ans de traitement sans interruption). Eh bien, je confirme ! c’est le temps qu’il faut pour gérer les problèmes physiques et psychologiques après cette épreuve. En fait, je pense qu’on peut assimiler les conséquences de ce choc à un Syndrome Post-Traumatique.
Oui, on peut se remettre de tout ça mais c’est un vrai travail ! Il ne faut rien lâcher. Jamais. « 100 fois sur le métier remettre son ouvrage ».
Des séquelles, il y en a. C’est certain mais après, comment faire la part de ce qui est dû aux 13 années sous ces drogues, au choc du sevrage, aux conséquences de la ménopause, à l’âge (forcément, à un moment on est bien obligé de penser à ça. Donc, à un moment, il ne faut plus chercher d’explications, ne plus chercher à tout comprendre, à tout expliquer. On ne le peut pas. Les médecins, les scientifiques eux-mêmes, j’en suis persuadée, n’y arrive pas, ou bien, ils ne veulent pas dire que certains symptômes sont bien des séquelles de leurs traitements prescrits sur une trop longue période. Peu importe. Il ne reste plus qu’à accepter et à continuer à tout faire pour aller mieux sur le plan physique et mental : avoir une vie et une alimentation saine et équilibrée, faire de l’exercice, des activités qui plaisent et qui font du bien, s’entourer de personnes positives, accepter son passé tel qu’il est et profiter de l’instant présent, bien se connaitre et s’accepter soi-même avec ses qualités et ses défauts, accepter les autres tels qu’ils sont, ne plus attendre d’eux des choses qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas donner, etc. etc.
Mais, il faut savoir également, à un moment, accepter ce que l'on a vécu et passer à autre chose, se réconcilier avec soi-même, avec les autres (ceux qui en valent la peine), se réconcilier aussi avec le corps médical (si, si, il y a de bons médecins et puis il faut bien se soigner), tout en restant vigilant. Un dialogue est possible, ne pas tout accepter. Leur dire que c'est notre corps et notre vie. On a le droit de choisir ses thérapeutes et la manière dont on veut se soigner.
Ce qui est certain, c'est qu'avec de la détermination (vouloir sortir du cercle vicieux des médicaments psychotropes), on y arrive ! j'en suis la preuve. Et, je peux vous assurer qu'on vit bien mieux, même s'il faut se battre tous les jours.
Voilà. C’est tout ce que j’ai à dire sur le sujet. Bon courage à tous les hypersensibles comme moi qui ont traversé cette épreuve ou sont encore dans ce combat.
Conseils aux personnes qui souhaitent entamer un sevrage
- tout d'abord, il faut se sentir prêt,
- s'armer de courage et de patience,
- faire un protocole de sevrage en suivant les règles suivantes :
. SURTOUT, PAS D’ARRÊT BRUTAL !
. se sevrer d'une seule molécule à la fois en commençant par l'anxiolytique et ensuite l'antidépresseur,
. si l'anxiolytique prescrit a une demi-vie* courte ou moyenne, faire une substitution vers une molécule à demi-vie longue, afin d'éviter trop de souffrances,
. faire des diminutions de pas plus de 10 % à chaque fois,
. respecter des paliers d'au moins 2 voire 3 semaines (le système nerveux a besoin de temps pour s'adapter à une nouvelle dose), sans toutefois dépasser 1 mois afin de ne pas entrer en tolérance (qui conduit à augmenter les quantités de substances pour obtenir les effets recherchés),
- essayer d'obtenir le soutien de son médecin, tout en sachant que la plupart d'entre eux font des protocoles de sevrage beaucoup trop courts et nient les symptômes de sevrage au delà de quelques mois,
- essayer d'obtenir le soutien de ses proches. Vous risquez, là aussi, de vous heurter à de l'incompréhension.
Sinon, il ne faudra compter que sur vous-mêmes !
- mettre toutes les chances de son côté en entamant un travail sur soi-même avec l'aide d'un bon psychologue. Se sevrer ne suffit pas. Il faut absolument arriver à comprendre et à gérer les problèmes personnels qui ont conduit les médecins à vous prescrire ces substances.
Même pour des traitements de courte durée, il est préférable de faire un sevrage lent car, dans ce cas aussi, on s'expose à des symptômes de sevrage.
*demi-vie : Temps mis par une substance (médicament, noyau radioactif, ou autres) pour perdre la moitié de son activité pharmacologique, physiologique ou radioactive.
Mes lectures
Le pouvoir du moment présent - Eckart Tolle
Une vie pour se mettre au monde - Marie de Hennezel - Bertrand Vergely
Dieu voyage toujours incognito - Laurent Gounelle
La méditation pour les nuls - Stéphan Bodian
Ma musique
J'ai découvert la musique classique très certainement grâce à ma sensibilité retrouvée.
Lorsque j'étais abrutie par les "médicaments", j'écoutais sans entendre.
La musique m'a beaucoup aidée (et m'aide encore) dans mes moments de souffrance. Maintenant, je l'écoute aussi, tout simplement, pour le plaisir.
Je citerai :
Nabucco - Verdi
Je n'imaginais plus que je pouvais pleurer en écoutant de la musique. ça m'est arrivé un matin, après une nuit difficile, en écoutant le Nabucco de Verdi, hymne à la liberté qui exprime les souffrances d'un peuple.
Le chant du cygne - Schubert
Concerto pour violon - Tchaïkovski
Air "Lascia chi'io pianga" - Rinaldo
Méditation de Thaïs - Jules Massenet
...
Liens
Actualisation de l'aide à l'arrêt des benzodiazépines et extension à toutes les populations recevant depuis au moins 30 jours un traitement de Benzodiazépines ou médicaments apparentés - juin 2015 :
État des lieux en 2013 de la consommation des benzodiazépines en France - 8 janvier 2014 :
Rapport de l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Rechercher Médicale) 28/09/2012 :
http://www.inserm.fr/espace-journalistes/demence-et-consommation-de-benzodiazepines
Etat des lieux de la consommation de benzodiazépines en France - Rapport d'expertise de l'AFSSAPS - Janvier 2012 :
http://www.sfrms-sommeil.org/IMG/pdf/Afssaps_Rapport-Benzodiazepines_Janvier2012.pdf
Modalités d'arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés chez le sujet âgé - HAS - Octobre 2007:
Rapport sur le bon usage des médicaments psychotropes par Mme Maryvonne Briot - députée 21/06/06 :
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-off/i3187.asp
Manuel de la professeure Ashton :
http://www.benzo.org.uk/freman/index.htm
Blog de Carole :
http://www.psychotropes.info/furax/index-0.html
Le témoignage de Fanfan :
Blog d'Audrey :
Remerciements
Je tiens à remercier toutes les personnes auprès de qui j'ai trouvé compréhension, réconfort, soutien, conseils et encouragements :
- mon mari qui m'a supportée dans cette épreuve (dans les deux sens du terme) et qui a su faire preuve de beaucoup de patience et de fidélité tout au long de ces années où j'étais abrutie par ces substances, pendant mon sevrage et encore aujourd'hui.
Je suis persuadée que la prise d'antidépresseurs, anxiolytiques ou autres médicaments psychotropes et le sevrage peuvent conduire à des divorces. Fort heureusement, notre couple y a résisté.
- Mme B, psychologue et conseillère conjugale qui est une femme formidable avec qui j'ai fait plus de progrès en 1 an 1/2 qu'avec la psychiatre qui m'a "suivie" pendant plus de 10 ans.
- Carole (de Suisse), Fanfan, Audrey, Marie, Frédérique et toutes les personnes (je ne peux pas les citer toutes) d'un forum d'entraide au sevrage des benzodiazépines (on en trouve plusieurs sur internet) que je n'ai jamais rencontrées mais qui m'ont apporté plus d'aide que mes proches pour la simple raison qu'elles savent de quoi je parle, parce qu'elles vivent ou ont vécu la même chose que moi. Je continue d'échanger avec elles par mail et même par téléphone. J'espère que je pourrai les rencontrer un jour.
Je précise que j'ai découvert ce forum 3 mois après l'arrêt des "médicaments" puisque j'ai fait mon sevrage pratiquement seule.
- M. C, kiné, pour son écoute, son humour et ses soins
- de bons amis qui se reconnaitront
- certains membres de ma famille (neveux, cousins, belle-sœur)
- M. J, Homéopathe
- Mlle B, sophrologue
...
Je demande aux personnes qui, à un moment ou à un autre, m'ont apporté leur soutien, par un mot, une phrase, un sourire, une écoute bienveillante, et que je n'ai pas citées ici, de ne pas m'en vouloir.
Par contre, je demande, à ceux qui n'ont pas su, pas pu ou pas voulu entendre ma souffrance, de m'accorder le droit de leur en vouloir un petit peu.
Je suis consciente que j'ai fait pas mal d'erreurs de syntaxe et aussi pas mal de répétitions dans ce texte. Mais, c'est malheureusement un peu le reflet de ce qui se passe dans ma tête, après cette malheureuse expérience. J'ai eu un peu de mal à faire le tri et à mettre tout ça en ordre.
Mais, après tout, ce n'est ni un exercice de style, ni un roman, juste un témoignage.
J'espère que le fait d'avoir créé ce site m'apaisera un peu et qu'avec le temps, je finirai par moins y penser* et aussi que ça servira aux personnes qui souhaite entamer un sevrage.
*"tourner la page", je ne demande que ça mais j'aimerais, quand-même, qu'on m'explique comment je peux faire pour ne plus y penser du tout lorsque, chaque jour, des gênes et douleurs liées au sevrage viennent me le rappeler.
J'espère également que tous les témoignages sur ce sujet aideront à faire avancer les choses et à bousculer un système trop lié au profit.
Ce site n'est peut-être qu'une goutte d'eau. Mais, les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Merci de votre visite et bon courage à ceux qui souffrent parce qu’ils entament un sevrage, sont en cours de sevrage ou en post-sevrage.
La liberté est au bout du chemin.