"Ce que la chenille appelle la mort,
le papillon l'appelle renaissance"
Violette Lebon
Avertissement
J'ai créé ce site en août 2012, c'est-à-dire plus d'un an après l'arrêt des médicaments psychotropes (antidépresseur, anxiolytique et bêta-bloquant) et, aujourd'hui (01/09/2013), avec le recul, plus de deux ans après la fin de mon sevrage, je tiens à préciser que chacun est libre de penser ce qu'il veut et de décider ce qui est bon pour lui.
Ce que j'ai écrit sur ce site n'engage que moi. Il ne s'agit que de réflexions sur ce que j'ai pu ressentir dans ma tête et dans mon corps, au cours et après ce sevrage et de ce que je pense aujourd'hui au plus profond de moi.
Je n'oblige personne à partager mon point de vue et mes convictions sur ce sujet et je ne cherche plus à convaincre qui que ce soit. Je veux juste faire part de mon expérience en la matière, en espérant que ça pourra aider.
Chacun prendra (ou laissera) ce qu'il veut.
Si certaines personnes qui sont encore sous ces traitements en connaissent la dangerosité et savent qu'ils ont les mêmes effets pervers que la drogue (accoutumance, tolérance, et surtout symptômes de sevrage), personnellement, je n'en savais rien. Je l'ai appris à mes dépens. Je sais, j'étais très naïve. Je le suis un peu moins aujourd'hui après cette malheureuse expérience, fort heureusement.
Avant-Propos (source Wikipédia)
Psychotrope : définition
Un psychotrope est une substance qui agit principalement sur l'état du système nerveux central en y modifiant certains processus biochimiques et physiologiques cérébraux, sans préjuger de sa capacité à induire des phénomènes de dépendance, ni de son éventuelle toxicité. En altérant de la sorte les fonctions du cerveau, un psychotrope induit des modifications de la perception, des sensations, de l'humeur, de la conscience (états modifiés de conscience) ou d'autres fonctions psychologiques et comportementales.
"Les benzodiazépines, par exemple, sont connues pour leurs propriétés anxiolytiques, amnésiques, hypnotiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes. Tout un programme..."
Un psychotrope peut faire l'objet d'une consommation récréative dans le but d'altérer intentionnellement la conscience ou le comportement, par exemple, le café, l'alcool, la cocaïne, le tabac ou le cannabis.
Il peut être consommé comme un enthéogène dans un but spirituel ou religieux (plantes hallucinogènes).
Un psychotrope peut-être consommé comme thérapie, par exemple, l'utilisation de narcotiques afin de contrôler la douleur, de stimulants afin de traiter les narcolepsies ou les troubles déficitaires de l'attention mais aussi des antidépresseurs ou antipsychotiques afin de traiter des maladies neurologiques ou psychiatrique, on les appelle souvent les médicaments psychotropes.
La prescription de psychotrope peut parfois induire un usage détourné.
"Pour moi, l'usage détourné, ce sont les médecins avec la complicité des grands labos, qui le font, lorsqu'ils prescrivent des psychotropes à leurs patients en leur faisant croire qu'il s'agit de médicaments et en ne les avertissant pas de leur dangerosité (effets indésirables, accoutumance, symptômes de sevrage, etc.)."
Il peut être consommé pour améliorer les performances physiques ou intellectuelles, on parle alors de produits dopants.
Il peut aussi être consommé dans le but d'assouvir un besoin compulsif dans le cadre de la toxicomanie.
Enfin, il peut aussi être consommé involontairement dans un but de soumission chimique : drogue de viol, sérum de vérité.
Mon but n'est pas de juger ou de critiquer les gens qui se droguent ou se dopent.
En général, ces personnes le font en toute connaissance de cause et savent à quoi elles s'exposent.
Vous l'aurez compris, le sujet de ce site porte sur les prescriptions de longue durée de médicaments psychotropes faites par les médecins : antidépresseurs et anxiolytiques principalement (dans mon cas 13 ans sans interruption, presque 14 avec le sevrage).
Je voudrais insister sur la notion de "drogue légale" :
L'addiction à l'alcool, au tabac, aux drogues de toutes sortes est connue et reconnue.
L'accoutumance aux médicaments psychotropes n'est pas ou peu reconnue.
Le cerveau est un organe extrêmement fragile et complexe. Il commande toutes les fonctions vitales, physiques et psychiques, de l'organisme. Les benzodiazépines et autres psychotropes ralentissent et même bloquent ces fonctions. Lorsqu'on diminue puis qu'on arrête ces substances (même si on étale le sevrage sur plusieurs mois), elles se remettent à fonctionner à toute vitesse, vite, trop vite et de façon anarchique. C'est ce qui explique les nombreux symptômes de sevrage.
D'où la nécessité de faire un sevrage très lent, adapté, en tenant compte du type de substance, de la durée du traitement et de la façon dont réagit l'organisme de la personne concernée.
Introduction
Août 2012 - J'ai créé ce modeste site pour raconter l'histoire de mon sevrage des médicaments psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques et bêtabloquants) prescrits par mes médecins (médecins généralistes et psychiatres) et renouvelés pendant plus de 14 années consécutives (13 années de traitement + une année de sevrage).
J'ai voulu raconter mon sevrage mais aussi le post-sevrage, période après l'arrêt des médicaments psychotropes, pendant laquelle on ressent toujours des symptômes de sevrage qui peuvent durer des mois, voire des années.
Je suis actuellement en post-sevrage (15 mois après l'arrêt complet).
J'ai commencé à diminuer les doses en juillet 2010, j'ai terminé l'antidépresseur le 21 mars 2011, l'anxiolytique le 6 mai 2011 et le bêtabloquant le 14 juin 2011 (durée du sevrage : environ 9 mois ce qui était probablement trop court).
Ensuite, petit-à-petit, j'ai arrêté tous les autres médicaments qui, pour moi, ne servaient qu'à contrer les effets indésirables des psychotropes, pour, aujourd'hui, ne plus rien prendre.
J'ai voulu écrire ce récit,
- pour moi tout d'abord, pour essayer de mettre en ordre toutes mes pensées et ensuite pour pouvoir tourner la page et enfin vivre ma vie,
- mais aussi, pour les autres, pour témoigner, pour avertir et pour aider les personnes qui souhaitent entamer un sevrage afin d'en finir avec les psychotropes et pour dire que ces soi-disant médicaments ne sont en fait que de la drogue !
Je précise que, pendant toutes ces années, j'ai toujours suivi les ordonnances des médecins à la lettre.
Dans les rares reportages que l'on voit à la télévision sur ce sujet, on parle souvent des personnes qui sont devenues "accros" à ces médicaments, qui font de l'automédication et qui dépassent largement les prescriptions. On parle peu des vrais "drogués sur ordonnance". Je parle de ceux qui, comme moi, n'ont jamais dépassé les doses prescrites par leur "gentil" médecin et qu'on a rendu dépendants de ces substances sans qu'ils ne s'en rendent compte. Et pourtant, j'aurais pu le faire. J'avais souvent double prescription : une ordonnance de ma médecin généraliste et une de ma psychiatre.
Je sais, aujourd'hui, que ces "médicaments" sont détournés pour servir de drogues aux junkies et circulent dans la rue.
Personnellement, je prenais ces "médicaments" parce que les médecins avaient réussi à me convaincre que j'étais malade et que je devrais les prendre toute ma vie. Je pensais qu'ils agissaient pour mon bien.
Or, le mal-être ou la tristesse sont-ils des maladies qui justifient qu'on maintienne des personnes sous psychotropes pendant des années, au point qu'ils ne sont plus vraiment eux-mêmes ?
Tout le monde a entendu parler de sevrages de l'alcool et de la drogue mais très peu du sevrage des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Personnellement, je n'en avais jamais entendu parler. Et pourtant, c'est la même chose !
D'ailleurs, tout le monde sait qu'il existe des établissements pour accueillir les personnes qui souhaitent se sevrer de l'alcool ou de la drogue. Mais, il existe très peu de services accueillant les personnes souhaitant se sevrer de ces "médicaments". Et s'il en existe, les protocoles de sevrage sont beaucoup trop courts.
Je savais que si je décidais d'arrêter mes traitements antidépresseurs et anxiolytiques, je devais le faire assez doucement, sur quelques mois. Mais, c'est tout ! Pour moi, c'était une formalité. Une fois que j'aurai diminué puis arrêté, c'était terminé. Tout irait bien.
Je n'avais jamais, avant de les subir, entendu parler de symptômes de sevrage. Je ne m'attendais pas à une telle aventure, à un tel combat ni à tant de souffrances physiques et morales.
Historique
J'ai eu, tout au long de ma vie d'adulte, depuis l'âge de 26 ans, des prescriptions de psychotropes de courte durée (maximum : 6 mois) à cause de baisses de moral dues à des difficultés personnelles ou professionnelles (avec un métier pour lequel je n'étais pas vraiment faite). A chaque fois, j'ai arrêté ces traitements du jour au lendemain parce que je ne savais pas qu'il fallait faire un sevrage. J'ai bien eu des insomnies, des contractures, des maux de tête... mais, je n'avais pas fait le rapprochement.
Pour la première prescription, à 26 ans : accident de voiture avec perte de connaissance et traumatisme crânien. Je me souviens avoir été transportée à l’hôpital et là, on m'a expliqué que je devrais prendre un médicament (une benzodiazépine) pendant un mois, afin, m'avait-on dit à l’hôpital, de mettre mon cerveau au repos. C'est la première fois que mon organisme a fait la connaissance de ces substances.
J'ai arrêté le traitement au bout d'un mois et repris le travail. J'étais très mal dans ma tête et dans mon corps. Je pense, avec le recul, qu'il s'agissait plus de symptômes de sevrage que des suites de l'accident. A cause de ça, j'ai eu forcément des problèmes au travail et je n'arrivais plus à assumer les tâches ménagères.
Un an plus tard, à peine remise de cet accident, j'ai dû faire le dur apprentissage de la solitude. C'était la première fois que je me retrouvais seule dans un appartement.
Je suis persuadée aujourd'hui qu'avec du repos et peut-être un soutien psychologique, je me serais très certainement mieux remise de ce choc qu'avec leur drogue.
Pour les autres fois : difficultés au travail, des espoirs d'enfants envolés, séparation d'avec un compagnon, à nouveau solitude.
A l'âge de 45 ans : opération mal vécue (hystérectomie).
Pour la dernière prescription (la plus longue : 13 ans) à 49 ans, 3ans seulement après mon mariage : une grande tristesse et une perte de repères, suite à un déménagement à 700 kilomètres de ma région d'origine, mon mari ayant eu une mutation. Je me suis sentie comme exilée loin de la famille, de mes amis et de ma région. Je pense que la période de la ménopause n'a rien arrangé. Sauf qu'aucun médecin n'a évoqué cette raison.
A mon retour, J'ai été suivie par une psychiatre qui a réussi à me convaincre que je devrai prendre ces substances toute ma vie. Du coup, je me disais qu'il y a des gens qui prennent des médicaments pour des problèmes cardiaques, du diabète ou autre chose et bien moi, j'en prenais pour soigner mes nerfs. J'avais confiance.
Celle-ci a pris sa retraite fin 2008 et m'a laissée tomber comme une vieille chaussette en me disant "de toute façon, on tourne en rond". ça faisait quand-même presque 10 ans qu'on tournait en rond alors ! Ne serait-ce pas là un aveu de son incompétence ?
J'ai contacté une autre psychiatre avec qui j'ai continué de tourner en rond pendant encore quelques mois. J'ai finalement décidé en 2010 de me passer des services des psychiatres et d'entamer un sevrage.
J'avais choisi de consulter des psychiatres plutôt que des psychologues parce qu'ils sont médecins. Encore une fois, j'avais plus confiance.
ça a été une grosse erreur de ma part. Les psychologues s'ils peuvent parfois se tromper, n'ont pas le droit de prescrire de médicaments.
La prise de conscience
J'ai pris ma retraite fin 2008 ; j'avais tout juste 60 ans.
Au début, j'ai été un peu déstabilisée. J'avais l'impression de ne plus servir à rien ni à personne. J'ai fait des séances de sophrologie, ce qui m'a bien aidée. J'ai commencé à donner des cours d'alphabétisation, ce qui m'a, très vite, passionnée. J'ai fait un peu d'activité physique, du stretching notamment. Mais, j'avais toujours cette impression de ne plus être vraiment moi-même. Je trainais toujours cette espèce de mal-être. J'ai compris, bien plus tard, que ces "médicaments" n'y étaient pas pour rien.
Je ne m'intéressais plus à rien. Je n'étais plus capable de faire quoi que ce soit ou au prix d'un effort surhumain. Je ne me sentais plus capable de conduire. Heureusement, j'ai eu la sagesse de ne plus prendre le volant. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Je suis persuadée que les médicaments psychotropes sont responsables de bon nombre d'accidents de la route et professionnels.
J'avais un rapport à l'alcool très limite. Je me demandais parfois si je n'étais pas devenue alcoolique. Depuis mon sevrage, je ne supporte plus l'alcool. ça fait plus d'un an que je n'en ai pas bu une goutte. D'une part, je n'en ai pas envie et d'autre part l'alcool étant un excitant du système nerveux, je ne tiens pas à augmenter mes symptômes.
En juillet 2010, je me suis dit que, maintenant que je n'avais plus le stress et la pression du travail, il était, peut-être, temps d'essayer de réduire mes traitements antidépresseurs et anxiolytiques.
Je précise qu'à cette époque, j'avais encore une confiance aveugle dans les médecins. Je pensais que tout ce qu'ils faisaient, c'était pour mon bien. J'ai donc pris rendez-vous avec ma médecin généraliste qui, à ma demande, a juste réduit la prescription :
Je prenais, tous les jours, 2 anti-dépresseurs (IRSS : inhibiteur de recaptage sélectif de la sérotonine) le matin et 1 anxiolytique (benzodiazépine) réparti dans la journée (¼ matin ; ¼ midi ; ¼ à 16h ; ¼ au coucher). Elle a donc marqué sur l'ordonnance : 1 antidépresseur et ¾ de l'anxiolytique… Elle a renouvelé le bêtabloquant que je prenais depuis des années pour des maux de tête chroniques et tous les autres médicaments. Elle ne m'a rien dit de plus, n'a pas posé de questions, ne m'a pas avertie que j'allais avoir des symptômes de sevrage. Rien !
Mes ordonnances faisaient une page entière. Pas moins de 12 médicaments différents (parfois plus) : les psychotropes d'une part et des antidouleurs, des antispasmodiques, des anti-inflammatoires, des triptans*... qui ne servaient qu'à contrer les effets indésirables des premiers cités. Tout ça, renouvelé de trois mois en trois mois et année après année.
*Les triptans, qui agissent également sur le Système Nerveux Central, m'avaient été prescrits en cas de migraine. J'avais été diagnostiquée "migraineuse". Je pense, aujourd'hui, que la plupart de mes maux de tête sont des maux de tête de tension provoqués par des contractures au niveau des cervicales.
Il faut savoir que les triptans et les antidépresseurs IRSS sont incompatibles. En associant ces deux molécules, il y a un risque de syndrome sérotoninergique (excès de sérotonine dans le cerveau), potentiellement mortel, qui peut provoquer des symptômes graves pouvant aller jusqu'au coma. Or, ces deux médicaments ont figuré ensemble sur mes ordonnances pendant plusieurs années. J'ai découvert ça seulement au cours de mon sevrage. Je pense que je reviens de loin...
Parfois, c'est moi qui disais à ma médecin généraliste : "Pouvez-vous supprimer ce médicament ? Je trouve que ça fait double emploi avec cet autre. Et puis, celui-là aussi ? Je pense que je peux m'en passer" et je repartais contente d'avoir réduit un peu cette lourde ordonnance.
Là où je veux en venir, c'est qu'à aucun moment, il ne lui est venu à l'idée que la majorité de mes problèmes pouvaient venir des traitements psychotropes. Je le sais maintenant que j'ai tout supprimé.
Tout au long de cette période, j'ai eu l'occasion de consulter au moins trois médecins généralistes qui m'ont envoyée vers des spécialistes (psychiatres, neurologues, endocrinologues, gastro-entérologues, rhumatologues, radiologues...) et aussi des médecins de la sécurité sociale, dans divers départements et à Paris. AUCUN, je dis bien AUCUN ne m'a prévenue des effets indésirables, des risques d'accoutumance, des symptômes de sevrage des antidépresseurs (IRSS) et surtout des anxiolytiques de la famille des benzodiazépines.
Evidemment, la plupart de mes examens n'ont rien révélé de particulier.
J'aurai aimé entendre : "Madame, la plupart de vos problèmes de santé pourraient bien venir des traitements de longue durée des psychotropes. Vous pourriez envisager de diminuer puis d'arrêter ces médicaments. ça va être difficile, vous allez avoir des symptômes de sevrage, mais, nous serons là pour vous aider si vous le souhaitez". Jamais, je n'ai entendu ces paroles !
Pour moi, les psychotropes, utilisés comme antidépresseurs, anxiolytiques, myorelaxants ou hypnotiques, sont, à la longue, des neurotoxiques qui devraient être interdits, ou tout au moins, limités à la durée maximale de prescription qui est de 4 semaines pour les somnifères et 12 semaines pour les anxiolytiques par exemple.
Je parle des traitements prescrits à des personnes tout-à-fait "normales" qui ne souffrent que de mal être ou de tristesse et que les médecins ont vite fait de cataloguer comme étant "dépressifs". Il faudrait, peut-être commencer par apprendre à différencier la dépression profonde d'une simple déprime qui ne justifie pas, à mon avis, de prescription ni d'antidépresseurs, ni d’anxiolytiques.
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